Le journal l’Itinéraire fêtait en février ses 20 ans, un bel âge pour souligner une initiative intelligente qui répond à un grave problème de société: l’itinérance. L’objectif de ce magazine mensuel vendu à Montréal est de faciliter la réinsertion sociale de personnes confrontées aux problématiques de la rue telles que l’itinérance, la toxicomanie, le chômage. Beaucoup plus qu’un magazine, l’itinéraire est une véritable alternative à la mendicité tout en étant un moyen de réinsertion.
Un rôle actif et créatif
Particulièrement axé sur l’empowerment et l’autonomisation de l’individu, le magazine est réalisé par une majorité de personnes issues de la rue, tout comme les camelots qui vendent le journal. De plus les itinérants peuvent participer à la conception du magazine en rédigeant des articles, cela se fait sous la supervision de la rédactrice en chef Catherine Girouard, du superviseur à la rédaction Jérôme Savary ainsi que de l’éditeur Serge Lareault. Cette façon de procéder redonne véritablement confiance aux itinérants en les plaçant dans un rôle actif et créatif les motivant de ce fait à aller beaucoup plus loin.
La mission
C’est dans une optique d’accroître l’autonomie, le savoir et l’employabilité des personnes qui connaissent des difficultés liées à la marginalité et à l’itinérance que Le Groupe communautaire L’Itinéraire mène des projets d’économie sociale. Ainsi il existe plusieurs activités au sein du groupe qui sont le magazine et sa distribution mais il y a également les services d’insertion, et le café qui est en fait un restaurant servant de lieu d’échange, de réconfort pour les camelots et les membres. Le groupe l’Itinéraire œuvre pleinement à responsabiliser les personnes de la rue en développant leur autonomie, leur créativité pour qu’elles puissent reprendre une place en société tout en favorisant leur estime de soi. Autrement dit c’est l’approche d’empowerment qui est mise de l’avant à juste titre et qui a surtout faite ses preuves.
Le défi
Il est indéniable que l’Itinéraire est une initiative géniale et qui répond de façon intelligente à un problème de société récurant en Amérique du Nord (tout comme en Europe d’ailleurs). Toutefois aussi excellente soit elle cette initiative ne peut résorber l’itinérance qui semble s’élargir de plus en plus aux jeunes femmes. D’un coté les rangs des itinérants semblent gonfler et de l’autre les financements pour lutter contre ce fléau semblent plutôt dégonfler, il y a un mécanisme de financement inversement proportionnel aux besoins de la société. Cette dernière ayant de fortes aptitudes à produire de l’exclusion (merci l’ultra libéralisme) et donc de la pauvreté. Avec un tel contexte il est d’autant plus difficile pour des organismes comme l’Itinéraire d’absorber seul une problématique sociétale si complexe. Reste à la politique de devoir gérer de tels problèmes et d’encourager des initiatives comme celle de l’Itinéraire.
L’espoir
Je suis toujours agréablement surpris de voir avec quelle détermination les camelots font preuve pour vendre leur journal. Pour les personnes qui n’ont jamais travaillé dans la rue il est difficile d’évaluer ce que cela représente comme énergie, courage et détermination. J’en profite d’ailleurs pour saluer mon camelot officiel du Métro Parc à Montréal qui fait preuve d’une grande créativité en faisant du slam, et des rimes pour vendre le nouveau numéro, avec en plus une énergie qui ne laisse personne indifférent. Mais surtout Mohamed écrit dans le journal en plus de le vendre, c’est ça la beauté de la chose, le fait que les camelots puissent s’exprimer et c’est particulièrement intéressant. En plus de rendre service à la communauté L’itinéraire permet à son lectorat d’avoir chaque mois un dossier spécial sur une thématique de société, une grande entrevue, des rubriques telles que »sur les pas du docteur Julien », sur la culture, le développement social… Autant de raisons qui donnent envie de soutenir une presse intelligente avec une répercussion sociale bénéfique pour le vendeur et le lecteur, cela est suffisamment rare pour être souligné.
Pour découvrir l’Itinéraire c’est ICI
Ci dessous un reportage réalisée par Samuel C Rodrigue & Marie Elaine Tremblay sur le groupe l’Itinéraire en Décembre 2011