Plus de 1017 cas d ‘homicides envers les femmes autochtones ont été recensés depuis prés de 20ans, cela dans la plus grande indifférence des pouvoirs publics québécois et canadiens. Si ces derniers traînent la patte pour rendre justice à qui de droit, il est malgré tout encourageant de constater que des individus des associations se mobilisent inlassablement en faveur de la vérité et de la dignité. La démonstration était faite lors de mobilisations citoyennes à Montréal à Vancouver. Malgré le froid des individus de différentes nationalités de sexe et d’âges marchaient cote à cote pacifiquement le jour de la St valentin. Une façon de déclarer notre flamme à toutes ces femmes disparues. Tant qu’il y a de la mobilisation il y a de l’espoir…
Quelle est la situation ?
Amnesty international (AI) dans son plus récent rapport annuel dénonce l’inaction du gouvernement fédéral malgré des demandes répétées pour qu’une enquête publique soit faite sur le meurtre d’au moins 1017 femmes et filles autochtones entre 1980 et 2012. Même les chiffres de la Gendarmerie Royale du Canada (GRC) sont plus élevés avec un total 1187 victimes féminines autochtones disparues ou assassinées depuis trente ans. Plus précisément le rapport de la GRC paru en 2014 indique que sur les 1181 cas recensés entre 1980 et 2012 figure 1017 femmes autochtones tuées, 164 disparues et manquant toujours à l’appel . La GRC évoque également 225 cas non résolus, incluant 120 homicides et 105 disparitions ou actes criminels suspectés. La bonne nouvelle est que globalement depuis 1980, le nombre d’homicides de femmes est en baisse, la mauvaise nouvelle est qu’il est en hausse chez les femmes autochtones. Ces dernières en 1980 représentaient 8 % des cas d’homicides alors qu’en 2012, 23 %. Si les chiffres et les rapports mettent en contexte la gravité et la dramatique situation, la question qui se pose c’est »et après » ? Comme la mentionné Michèle Audette présidente de l’Association des femmes autochtones à l’occasion de la publication du rapport de la GRC comment se fait il qu’il n’y ait pas d’enquête publique qui soit lancée par le gouvernement fédéral ? Autant le dire le traitement de la cause autochtone par le Canada est une véritable honte pour ce pays (parmi d’autres sujets des sables bitumineux aux interventions militaires…)
Sensibiliser, éduquer, mobiliser
Si on est capable de faire des campagnes régulières sur les grands médias contre l’alcoolisme et le suicide il serait bien de le faire tout autant pour prévenir des violences envers les femmes autochtones. Amnesty International mène la campagne anglophone No more stolen sisters par contre il n’y a pas d’équivalent pour le Canada francophone. Notons une première initiative dans la belle province menée par Isabelle Paillé, coordonnatrice chez Femmes autochtones du Québec, et l’instigatrice d’une campagne de sensibilisation à la non-violence auprès des Autochtones. Bien qu’Il soit bon de rappeler que des facteurs de vulnérabilité comme l’itinérance, l’autostop, le commerce du sexe, et la toxicomanie contribuent aux homicides, ramener la problématique à ces seuls points seraient réducteurs. En effet il s’agit davantage de conséquences et non des sources. La problématique est à placer dans un contexte plus vaste social, historique, politique, économique… Rien que ces points mériteraient bon nombre d’explications tant le sujet est vaste.
Agir par la prévention et la sensibilisation constitue déjà une bonne base de départ autant à l’extérieur qu’ à l’intérieur des communautés autochtones. D’ailleurs ces dernières n’ont pas attendues qu’on le fasse à leur place puisqu’elles ont décidé de s’attaquer au problème en organisant une douzaine de comités composés d’agresseurs ou d’agressés. Ainsi de la sensibilisation est faite dans les écoles ou lors d’intervention auprès de familles aux prises avec la violence. Par exemple Martin Hervieux, un Innu de la région de Sept-Îles, réalise des conférences constitue une sorte de modèle, un porteur d’espoir pour les autres hommes de sa communauté en inculquant la paix et actions inspirantes. Certes toutes ces initiatives sont encore timide face à l’ampleur du problème mais c’est déjà une excellente chose qu’elles existent, reste à en déployer les impacts.
Je suis Christine, Hilary, Kyra…
Avant d’être français ou même canadien je me sens surtout humain et profondément touché par ce peuple autochtone que je ne connais pas. Hors de toute idéalisation et des images d’Épinal à la Pacohontas c’est surtout un fort sentiment d’injustice qui vient me chercher. Le temps n’est plus à l’indignation comme dirait Stéphane Eissel mais à celui de l’action. En particulier tout ce qui permet de mettre en œuvre l’arsenal juridique nécessaire pour que justice soit rendue. Mais surtout que les efforts soient mobilisés pour sauver les femmes qui peuvent l’être. Il y aussi du travail de sensibilisation à poursuivre du coté des autochtones du Québec et du Canada. »Qui ne dit mot » consens dit le proverbe. C’est l’ensemble de la population dans sa globalité qui doit se sentir concernée lutter contre la violence envers les femmes autochtones. Par extension c’est aussi se mobiliser contre toutes formes de violence envers les femmes et le féminin en général. Ce sont différentes catégories d’âges, des enfants aux adolescentes en passant par les mères et les grands mères qui sont concernées au Canada mais aussi ailleurs. Que dire également des horreurs faites au Burundi, Nigeria, Rwanda et en République Démocratique du Congo (quelle hypocrisie le nom même du pays)… Pour revenir au Canada et au Québec il est fondamental que la mobilisation soit générale et que non autochtone , institution politique et religieuse écoutent pour de bon ce que les femmes on à dire.
De la Femme autochtone au féminin sacré
Le monde actuel sous sa configuration matérialiste et consumériste a un profond manque de respect pour le féminin. Si on ne respecte pas le féminin on ne respecte pas la vie puisqu’à preuve du contraire se sont nos mères qui nous ont donné naissance. Pour cette même raison nous avons totalement exploité la terre et ses ressources, on a surtout considéré la planète en tant que simple environnement et non comme le prolongement de notre propre nature. D’ailleurs ne dit on pas la nature pour parler d’environnement ? Il y a donc un lien à rétablir entre le féminin la terre et nous même. C’est cette connexion qui a été totalement oublié par notre société occidentale. Une société avancée socialement et technologiquement ne peut fonctionner qu’a partir de valeurs féminines respectant profondément le vivant et la nature. En cas contraire c’est l’échec assuré et c’est exactement ce que nous vivons. Les communautés autochtones par le passé considéraient la terre et la vie comme étant sacrées et c’est ce lien qui est aujourd’hui à redécouvrir. Mais tout est histoire d’équilibre, honorer le féminin c’est aussi honorer le masculin… Que les femmes soient autochtones, africaines européennes, noires ou blanches n’a en soit peu d’importance tant que l’on respecte le vivant dans la nature humaine et dans la nature tout court.
Pour conclure
Il y a tout à gagner autant pour le Canada que le Québec d’honorer les peuples autochtones. Commençons par le fait qu’ils étaient la avant tout le monde et aussi parce que nous avons oublié les liens historiques qu’ils avaient avec les colons et qui permettait dans nombre de cas une cohabitation harmonieuse. En plus de la dignité humaine c’est un partage de culture salutaire à rétablir et de spiritualité à redécouvrir. Ce qu’il y a d’encourageant malgré ce drame qui perdure depuis trop longtemps, c’est la détermination l’engagement de quelques humains pour la vérité, la fraternité. La compassion est également la clef pour l’Émergence d’une société respectueuse de toutes les cultures et des façons d’être. La soif de justice et de paix était palpable lors de la marche anniversaire du 14 février à Montréal. En effet il y avait un beau mélange parmi les centaines de personnes mobilisées ce jour la, des français, des québécois francophones anglophones mais aussi des femmes et hommes d’Afrique sans compter plusieurs générations différentes qui se mêlaient au cortège. Quoi qu’il arrive bien que mortes ou disparues toutes ces victimes autochtones sont et resteront bien vivante tant qu’elles seront dans nos cœurs. Alors remercions Martha, Christine, Maeva, Kyra, Jody et toutes ces étoiles autochtones de nous inviter à nous re connecter à notre humanité. Autant dire chères étoiles que ce que vous faites dans l’invisible est capital pour l’éveil des consciences.
Sources: Radio Canada ; Amnesty ; Actualité.com ; rapport GRC à télécharger